
Régis FENDER
Doctorant
Statut :
Doctorant·e
Equipe :
Apprentissages, pratiques d’enseignement et d’éducation
Rattachement académique :
Université de Lorraine
Courriel :
D'un savoir d'expérience à l'expérience d'un savoir
Notre projet de thèse vise à explorer les connaissances produites et les apprentissages réalisés, qui résultent de l’interaction entre le vécu ou les expériences des personnes en situation de handicap et les étudiants en travail social. Un changement de paradigme conjugué « à la recherche d’une connaissance appliquée » (Le Bossé et al.) a, en effet, ramené les savoirs expérientiels des personnes en situation de handicap dans le champ de la formation. « Un nouvel éthos démocratique » (Lafore, 2024) prend forme, hissant la personne handicapée au rang de citoyen et rendant caduque le modèle antérieur de prise en charge. Le handicap devenant alors « le matériau » à prendre en compte (Lafore, 2024), non seulement pour l’activation de ses capacités et son accompagnement, mais également pour la formation des futurs travailleurs sociaux.
Pour ce faire, un dispositif évolutif de recherche participative in situ, adossé à l’élaboration d’une journée d’étude, avec des personnes en situation de handicap et des étudiants en formation, sera expérimenté afin d’étudier les connaissances produites et les apprentissages réalisés par les étudiants à partir de l’interaction avec des personnes en situation de handicap. Notre démarche méthodologique reposera, par conséquent, sur un corpus de vidéos réalisées pendant les séances de co-construction de la journée d’étude. En nous permettant de conserver la trace des séances (Salini et Flandin, 2019), ces vidéos pourront ensuite soutenir l’analyse fine des interactions entre personnes handicapées et étudiants (Heath et al., 2010) ou encore participer à la réflexivité des étudiants et des personnes handicapées en agissant comme catalyseurs de verbalisation (Guinchard, 2016). Notre méthodologie s’appuiera, en outre, sur la démarche des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs d’Héber-Suffrin, tout en conservant un caractère exploratoire.
Notre projet de thèse s’ancre, par conséquent, dans des préoccupations internationales en Sciences humaines et sociales, puisqu’il situe son questionnement à l’endroit des savoirs expérientiels des personnes vulnérables en les associant à la démarche de recherche, à l’instar, notamment, des travaux de Godrie (2021) au Canada, de Leong et Kelle (2023) à Hawai’i ou encore Grace et al. (2024) au Royaume-Uni.
Finalement, notre projet de recherche soulève des questionnements aux enjeux multiples. A la fois épistémiques, puisqu’il s’intéresse aux dynamiques de co-production de connaissances avec des personnes en situation de handicap comme aux dynamiques d’apprentissage des étudiants, sans exclure leur vécu en apprentissage. Méthodologiques, car il repose sur une approche souple, collaborative et exploratoire qui, selon Godrie (2017), serait la condition pour conduire une recherche non conventionnelle auprès de publics non conventionnels. Et enfin, pratiques et sociétaux, car il tend à l’amélioration des pratiques professionnelles des futurs travailleurs sociaux en vue, notamment, de valoriser l’inclusion et la participation des personnes en situation de handicap tout en les reconnaissant comme citoyennes, porteuses de savoirs légitimes. 
Abstract:
To achieve this, an evolving in-situ participatory research system, linked to the organization of a study day with people with disabilities and students in training, will be experimented with in order to study the knowledge produced and the learning outcomes achieved by students from the interaction with people with disabilities. Our methodological approach will therefore be based on a corpus of videos recorded during the co-construction sessions of the study day. By allowing us to preserve a record of the sessions (Salini and Flandin, 2019), these videos will then support a detailed analysis of the interactions between people with disabilities and students (Heath et al., 2010) and also contribute to the reflexivity of both students and people with disabilities by acting as catalysts for verbalization (Guinchard, 2016). Our methodology will also draw on the approach of the Reciprocal Knowledge Exchange Networks developed by Héber-Suffrin, while maintaining an exploratory character.
Consequently, our thesis project is rooted in international concerns within the social sciences, as it frames its inquiry around the experiential knowledge of vulnerable people by integrating them into the research process, much like the work of Godrie (2021) in Canada, Leong and Kelle (2023) in Hawai’i, or Grace et al. (2024) in the United Kingdom.
Ultimately, our research project raises questions with multiple stakes. These are both epistemic, as it addresses the dynamics of knowledge co-production with people with disabilities and the learning dynamics of students, without excluding their lived experiences in learning. Methodological, as it is based on a flexible, collaborative, and exploratory approach, which, according to Godrie (2017), is the condition for conducting unconventional research with unconventional audiences. And finally, practical and societal, as it aims to improve the professional practices of future social workers with a view, in particular, to promoting the inclusion and participation of people with disabilities while recognizing them as citizens who possess legitimate knowledge.
Individuel