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Université de Lorraine

Université de Lorraine

La sanction est-elle éducative ?

Type de soutenance: 
Thèse
Nom: 
MULLER
Prénom: 
Laurent
Directeur(s) de thèse: 
Eirick PRAIRAT
Equipe: 
Normes et valeurs
Composition du jury: 
  • Jean-François Dupeyron, Maître de Conférences HDR, Université de Bordeaux, Rapporteur
  • Philippe Foray, Professeur des Universités, Université Jean Monnet de Saint-Etienne, Rapporteur
  • Dominique Ottavi, Professeure des universités, Université Paris-Nanterre
  • Eirick Prairat, Professeur des Universités, Université de Lorraine, Directeur de thèse
  • Elena Théodoropoulou, Professeure des universités, Université d’Egée
Résumé: 

Si la sanction en éducation est un fait, est-elle pour autant légitime ? Partant du principe que le fait ne fait pas droit, même lorsqu’il est soutenu par une longue histoire, notre travail consiste à sonder les raisons qui ont fait de la sanction ce prétendu incontournable pédagogique.

Le destin de l'éducateur est-il de sanctionner ? Que l’éducateur entende élever (par expiation ou la responsabilisation), dresser ou contrôler la conduite (par intimidation), sanctionner par principe (par référence à une loi source de toute valeur), l’effet est le même et le cercle logique patent : la sanction est une contrainte tout extérieure qui ne saurait motiver durablement et efficacement le sujet, et qui ne peut convertir qu’à la condition que le sujet sanctionné soit déjà converti. L’appel à une sanction responsabilisante apparaît ainsi incantatoire.

Il faut convenir, toutefois, que la sanction discipline la conduite. Mais c’est par une fabrique du sujet qui n’a rien d’innocent ni d’inoffensif : fabrique des corps et des esprits, invention de l’agent d’imputation, de la faute, de la culpabilité, de la volonté libre qui fait de tout être un être-pour-la-sanction, et qui finit, paradoxe !, par la rendre indispensable. Le sujet fait par la sanction finit par être fait pour la sanction : la sanction, qui sanctifie la loi et en exhibe l’essence, ne peut qu’être hantée par l’idée d’expiation.

Une autre approche éducative, pourtant, est possible : celle qui renonce à l’agent, à la faute, à la culpabilité, et qui prône la transformation discrète et en amont de l’agir. Cette éducation sceptique, qui prend acte de l’incertitude foncière de l’action éducative, propose de faire du tact l’outil préventif du conflit, et du geste restauratif l’instrument de la réparation du lien et de la construction de l’avenir. La véritable autonomie ne s’épuise pas dans le règne figé de la loi, mais appelle son dépassement anomique (au sens de Guyau) dans la création d’un ordre-cosmos pensé comme émergence.

Loin, donc, d’être incontournable, la sanction pourrait bien apparaître, en éducation, comme un remède pire que le mal qu’elle prétend soigner, en tant qu’elle produit cette homéostasie qu’elle seule peut ensuite entretenir. 

Date début de thèse: 
Septembre 2018
Date de soutenance: 
mer - 02/09/2020
En savoir plus: 

La soutenance aura lieu dans la salle A104 à 14 heures  (Université de Nancy, 23 bd. Albert 1er à Nancy.