Auto-motivation et autorégulation dans l'apprentissage des langues étrangères : Contribution à la reflexion sur le rôle du tutorat dans un dispositif d'autoformation partielle

Notre recherche se situe dans une institution d’enseignement supérieur au Portugal, Ecole supérieure C, dans une unité d’enseignement de français langue étrangère. Jusqu’alors absent des pratiques pédagogiques dans l’école supérieure où nous menons notre recherche, le rôle de tutorat a été ajouté à celui d’enseignant sans formation préalable des enseignants, sans débat approfondi au sein du corps enseignant. Dans les unités d’enseignement de langues étrangères où se déroule notre recherche, le tutorat est posé comme un cadre spatio-temporel de conseil d’orientation pour les étudiants, souvent entrepris comme un accompagnement personnalisé. Il reste cependant en partie à définir, notamment par rapport au paradigme pédagogique sous-jacent.

Partant des deux principes suivants, à savoir que le dispositif où se déroule notre étude diminue le contrôle externe sur l’apprentissage de l’étudiant et que le tutorat peut être défini comme un lieu où peut s’effectuer le passage entre ce contrôle externe et la prise en charge de son apprentissage par l’étudiant lui-même, et que le dispositif où se déroule notre étude diminue effectivement le contrôle externe sur l’apprentissage de l’étudiant, nous avons cherché à analyser comment, dans ce passage de responsabilités, la motivation et la régulation pour l’apprentissage sont convoquées, en nous focalisant sur la question de savoir si pour cela, l’intégration d’un modèle de tutorat proche du modèle de conseil développé par la didactique des langues étrangères en autoformation est efficace et pertinente.

Nous avons donc fait l’hypothèse qu’un travail explicite sur la motivation de la part du tuteur en coopération avec les étudiants doit se retrouver dans le discours des étudiants sur leur travail, et qu’avec le temps et la pratique systématique du tutorat, des transformations doivent être observables dans leurs discours. Nous avons pour cela défini le modèle de tutorat propice à cette mission, puis testé et observé les discours que produisent les étudiants sur cette pratique de tutorat et sur leur apprentissage.

Les données permettent d’observer des indices de transformation des représentations des étudiants sur leur apprentissage et leur environnement d’apprentissage. Elles permettent aussi de déceler les points faibles du tutorat tel qu’il a été mené et du dispositif tel qu’il a été mis en place. Par ailleurs nous concluons le travail sur la motivation et l’autorégulation que les étudiants mènent dans l’interaction avec la tutrice produit des microphénomènes. Au final, les résultats mènent à la conclusion que le modèle de tutorat reste en partie à préciser, mais qu’il est pertinent dans le dispositif. A partir des résultats obtenus, nous avons montré que le modèle de tutorat peut contribuer au débat sur le rôle du tuteur dans les dispositifs tels que celui de l’Ecole supérieure C où nous avons effectué notre recherche.