Management de la pédagogie des compétences en Afrique subsaharienne : une « complicité indocile » enseignante. Le cas dans le Primaire Catholique de Côte d’Ivoire.

Du fait du vaste mouvement de la mondialisation, les perspectives de développement en Afrique sont désormais soumises à des standards internationaux. Ainsi en va-t-il de son École : au nom de la compétitivité économique, elle est dans l’obligation d’appliquer strictement la pédagogie des compétences, une condition désormais au soutien de la Banque mondiale et du FMI. Chargés de mener à bien ce programme éducatif normalisé, les managers des institutions scolaires locales ne manquent pas de mécanismes d’enrôlement des enseignants. En cela l’enseignement primaire catholique de Côte d’Ivoire ne fait pas exception. Le phénomène que notre thèse se propose de comprendre est le suivant : malgré leur précarité et la faiblesse des moyens qui leur sont accordés, les enseignants sont sur-engagés et ne cessent d’obtenir des scores élevés pour leurs élèves en fin de cursus. Ceci se produit avec une telle régularité qu’un regard extérieur y verra nettement l’illustration d’une servitude volontaire. Cependant une analyse de l’activité pour saisir le point de vue des enseignants montre qu’il en va en réalité tout autrement. Celle-ci révèle que pour être efficaces « malgré tout », les enseignants s’approprient la norme pédagogique avec les raisons et valeurs de l’institution certes, mais jamais sans leurs propres raisons intimes, leurs valeurs culturelles et celles de leur idéal de métier. Ils en viennent à faire de la forme scolaire un espace d’actualisation des manières d’être et de vivre en Afrique, à travers notamment une parentalité symbolique qui apparaît comme un puissant ressort de leur engagement au travail.

Adossée principalement à la démarche ergologique d’Yves Schwartz, la thèse est traversée par une réflexion autour du travail et du management, en vue d’une meilleure prise en compte de l’activité enseignante dans les institutions éducatives.